Au-delà des grandes conférences internationales où se réunissent chefs d’États et de gouvernements, nous avons plus que jamais besoin du levier intermédiaire que représentent les entreprises.
Ces dernières peuvent en effet jouer un rôle essentiel dans la lutte contre les changements climatiques en mettant en œuvre une gestion durable de leur chaîne logistique.
Une chaîne logistique désigne l’ensemble des flux physiques qui assurent la disponibilité des produits auprès des utilisateurs finaux, des flux d’informations nécessaires au pilotage des opérations physiques et des flux financiers (acomptes, paiements et pénalités). Une chaîne logistique concerne ainsi l’ensemble des acteurs, du fournisseur au client.
Une démarche complexe
Ajouter une dimension durable au management de la chaîne logistique permet aux entreprises de maîtriser leurs impacts sur l’environnement.
De plus en plus d’entreprises construisent de tels dispositifs. C’est par exemple le cas de Lafuma qui prend en compte l’ensemble des étapes de vie du produit lors de la phase de conception. L’entreprise ne s’intéresse pas ici aux seules matières premières, elle analyse les modes de fabrication, l’utilisation du produit et sa fin de vie.
Avec l’outil Pure Leaf Grade qu’elle a créé, elle peut évaluer ses produits : pour son sac à dos ECO40, les impacts environnementaux sont imputables, à 75 %, au mode de fabrication et aux matières premières. La phase de conception en génère, elle, 15 %.
On pourra aussi citer une initiative de Saint-Gobain : en s’engageant dans le FRET21, l’entreprise a diminué les impacts environnementaux et sociétaux de ses transports. Le FRET 21 rassemble des chargeurs qui s’engagent à mener des actions sur quatre axes d’optimisation : taux de chargement, distances parcourues, moyens de transport, achat de prestations.
Construire une chaîne logistique durable
Mais cette démarche n’est pas simple et demande de revoir les conceptions et les pratiques de gestion des entreprises afin de mieux arbitrer entre les contraintes économiques et les aspects sociaux et écologiques.
Pour mettre en place une telle chaîne, il faut avant tout évaluer le dispositif existant, en identifiant l’ensemble des risques liés aux pratiques non durables de l’entreprise. On peut à ce titre citer l’outil d’évaluation GreenScor.
Fort de cette évaluation, les entreprises peuvent commencer à structurer leur chaîne logistique avec leurs fournisseurs grâce à l’éco-conception et aux achats durables. De nombreuses démarches vertueuses en matière d’impact environnemental existent aujourd’hui, en respectant notamment les principes de l’économie circulaire, ce modèle économique qui vise à limiter et optimiser la consommation des matières premières.
La traçabilité, c’est-à-dire le suivi de l’historique des processus de production et de l’origine des composants, constitue un autre enjeu crucial. Les services achats sont ici en première ligne pour une collaboration durable avec les fournisseurs. Danone, grâce à la mise en place de son fonds Ecosystème, a développé dans cette perspective les compétences de ses fournisseurs locaux et de ses partenaires.
Les bâtiments de l’entreprise (unités de production, entrepôts, etc.) sont également concernés : ils doivent être conçus comme des éco-sites, pour limitant les consommations et les déchets.
Enfin, dans la relation au client final, le produit éco-conçu simplifie la « n logistique inverse », qui concerne les retours produits en maintenance, en SAV ou en fin de vie. Le transport, acteur crucial de la distribution et de la logistique inverse, est à optimiser tant en matières économiques, qu’environnementale (émissions de carbone, pollution visuelle, particules fines, etc.) et sociétale (accidentologie, embouteillage, etc.). Avec plus de 320 millions de tonnes de déchets, en France, chaque année, le management des déchets est enfin un enjeu majeur.
Dernier élément à prendre en compte : l’accélération de l’évolution technologique, qui ne manquera pas de provoquer des changements majeurs dans le fonctionnement des chaînes logistiques (et dans notre comportement de consommateur). Prenons l’exemple du développement de l’impression 3D pour de nombreux objets de la vie quotidienne. Celle-ci devrait quasiment éliminer la distance entre le point de production et le client consommateur. Ce retour vers une production majoritairement locale pourrait permettrait d’éliminer de nombreuses opérations de transport aujourd’hui extrêmement coûteuses pour la planète.