Selon une étude de la DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) en 2019, les femmes occupent une place de plus en plus importante sur le marché du travail.
Elles représentent ainsi 48 % des emplois, contre 41 % il y a 30 ans. Cette évolution a été rendue possible par la part croissante des femmes dans le secteur tertiaire.
Parallèlement, l’étude Randstad Workmonitor de 2018 (enquête en ligne auprès d’un panel de 1 000 employés âgés de 18 à 65 ans et travaillant au moins 24 heures par semaine) nous apprend que la majorité des salariés français (67 %) préfèrent être dirigés par un manager de sexe masculin.
Les femmes ne dérogent pas à la règle : plus de 6 salariées françaises sur 10 (soit 61 %) préfèrent être managées par un homme plutôt que par une femme.
Cet état de fait montre la persistance de stéréotypes que les femmes subissent dans certains secteurs professionnels, ainsi que la persistance de freins quant au management féminin.
Le rugby, un sport de brutes pratiqué par des gentlemen ?
Historiquement, le rugby est un sport de combat collectif avec des valeurs a priori typiquement masculines : l’agressivité, l’impact physique. Mais depuis quelques années, Worldrugby, l’organisation gérant le rugby au niveau mondial a décidé de mettre en place un plan d’action 2017-2025 valorisant la place des femmes dans le rugby. Les résultats ne se sont pas faits attendre.
En 2018, le nombre total de joueuses licenciées dans le monde a augmenté de 28 % sur les près de 10 millions de joueurs de rugby licenciés au niveau mondial, plus du quart (28 %) sont des femmes, soit près de 2,7 millions de joueuses licenciées.
(b) Ces changements se sont également traduits par une réforme de la gouvernance, avec l’arrivée de 17 membres féminines au sein du Conseil de World Rugby. Selon Bill Beaumont, le président de World Rugby : « nous sommes pleinement engagés pour promouvoir la parité dans le rugby et nous assurer que les filles ont autant de visibilité que les garçons dans tous les secteurs ».
L’Armée, la virilité du métier des armes ?
Historiquement, l’armée française est constituée d’hommes, puisque l’engagement des femmes sous les drapeaux en temps de guerre n’est autorisé que depuis 1938. Toutefois, le ministère de la Défense mène depuis les années 2000 une politique d’ouverture aux femmes :
Celles-ci ont accès à tous les niveaux de grades, y compris aux plus hauts postes de commandement. Aujourd’hui, l’armée française compte 30 femmes au rang de général
Toutes les fonctions de l’armée française sont ouvertes aux femmes. Celles-ci occupent aujourd’hui des fonctions de pilote, de médecin, de mécaniciennes, de juristes
Les femmes participent aux opérations extérieures au même titre que les hommes, même si le taux de féminisation reste encore faible (6,7 %)
Résultat : L‘armée française est aujourd’hui l’une des armées les plus féminisées du monde. En 2020, un peu plus de 17 % des militaires français sont des femmes. La parité homme-femme est utilisée dans la communication des armées.
La culture du vin : une affaire d’hommes ?
Selon la psychologue Simonnet-Toussaint (2006 Le vin sur le divan, Éditions Féret), la culture du vin se transmet en France par le père. Le milieu du vin reste donc encore assez masculin.
Toutefois, le secteur vitivinicole est en cours de féminisation, et l’on s’accorde à dire que les femmes représentent un tiers des effectifs salariés de la filière.
Historiquement, elles occupent en général des emplois moins qualifiés que les hommes (interview de Florine PECHEUX-LIVAT, Professeure à Kedge).
Or pour Vin et Société (2019), la féminisation des postes qualifiés va croissante puisqu’aujourd’hui, « les femmes représentent 50 à 60 % des nouvelles promues en œnologie, 30 % des cheffes d’exploitation, 20 % des sommelières en France ».
Ce mouvement tend à se développer avec la nomination pour la première fois en 2018 d’une femme à la tête de l’Interprofession des vins du Languedoc (CIVL), ou la création en 2017 de l’association « Women Do Wine », visant à valoriser les femmes « insuffisamment mise en lumière » dans l’univers viticole.
Stéréotype et démarche d’éducation
Au final, les exemples conjugués du rugby, de l’Armée et du secteur du vin montrent qu’une politique volontariste d’intégration des femmes en termes d’image et d’accès aux professions qualifiées, ainsi qu’une bonne dose d’empowerment, peuvent permettre à celles-ci d’intégrer dans les secteurs a priori les plus masculins.
Toutefois, casser les stéréotypes s’inscrit dans une démarche de long terme d’éducation, source de débats et d’actions de communication sans cesse renouvelés.